Cette année j’ai décidé de participer aux 24h Démentes, le marathon musical des Internationales de la Guitare, et c’était un truc de dingue ! Reportage.
Trois mots sur les Internationales de la Guitare
C’est l’un des plus gros événements de l’année ! Comme son nom l’indique, les Internationales de la Guitare c’est un festival qui met la guitare à l’honneur avec une sélection fine et éclectique d’artistes du monde entier. Et ce depuis 1996 !
Le Festival s’enracine dans toute la région Occitanie et notamment à Montpel’. Le programme complet c’est par là
9 concerts gratuits dans 8 lieux insolites
L’un des événements phare de ce festoche incontournable : les 24h démentes ! Kézako ? Un marathon musical de 24h qui comprends 8 concerts gratuits dans 8 lieux insolites de la ville, avec des artistes atypiques aux univers très différents. Allez viens on va jeter un oeil (et une oreille).
10h – Darwin Médina au Black Temple (Métal Latino Américain)
Nous sommes le samedi 29 septembre, jour des 24h Démentes #11, il est 10h15 et je suis déjà en retard.
Je fonce rue Saint-Côme en passant par la Com’ et quand j’arrive le salon de tatouage où a lieu le 1er concert est déjà plein à craquer. Du coup je reste sur le seuil. Bien fait pour ma pomme tiens ! Heureusement certaines personnes s’en vont, ce qui me laisse assez de place pour me faufiler à l’intérieur. *YAY*
Le cadre est très intimiste. C’est chouette de se retrouver là en petit comité avec cette musique qui emplit tout l’espace… j’ouvre grand mes esgourdes et je me laisse emporter par les rythmes qui m’emmènent jusqu’en Colombie, au Vénézuela et en Républicaine Dominicaine. Je m’attendais à un truc hyper bourrin (la faute au mot « métal » sur le flyer) mais pas du tout !
C’est beau d’être si proche de l’artiste, un jeune homme à la longue chevelure noire et au délicieux accent espagnol, qui prend manifestement plaisir à être là lui aussi. On a même droit à une impro finale. Il commence bien ce marathon !
11h30 – Khalil Chekir à la Cour Saint Paul (Fusion Orientale)
Le deuxième concert se trouve un peu plus loin, derrière l’église Saint Roch (tout près des Petits Papiers de Flo et du Toast’n’Tea). C’est cool de pouvoir profiter d’endroits qui d’habitude sont fermés au grand public comme celui là ! Bon par contre il y a peu de places assises, pas assez pour tout le monde en tous cas. Je laisse les bancs au plus âgés et pose mes fesses par terre #roots
Tout à l’heure on était en Amérique Latine, avec Khalil Chékir, on part pour le Moyen Orient. Quel instrument étrange il a là … on dirait l’intérieur d’un piano et le son ressemble un peu à celui d’une harpe. Khalil nous apprend qu’il s’agit d’un « Qânûn » a.k.a un instrument méditerranéen. *Ohhhh*
Cette musique est une sucrerie pour les oreilles. Je vis un moment très doux, à l’ombre des oliviers avec le glouglou de la fontaine toute proche, les bruissements des feuilles de platanes que le vent agite et le rire des enfants qui viennent s’ajouter à la partition.
Quand même les concerts live c’est autre chose qu’une playlist sur ordi ! Et c’est encore mieux quand c’est à l’extérieur !
13h : Lydie Fuerte au Discopathe (Flamenco)
Après être passée chez moi casser la croûte, avaler un café noir et recharger la batterie de mon téléphone (cette manie de prendre 40 000 photos !) je repars en ville direction le rue du Faubourg-Courreau où se tient le 3ème concert. On a d’ailleurs testé le Lipopette dans cette rue là.
Je me trompe trois fois de rue (grrrmbl) avant d’arriver – en retard – à destination. Il y a une telle foule que je ne vois même pas l’artiste !
Hmm ça sent bon le café chaud ❤ Comme ce matin, certaines personnes partent ce qui laisse de la place pour les retardataires. La demoiselle rousse a un sourire solaire et joue des mélodies flamenco entrecoupées de silence, d’accélérations et de ralentis. Sa complicité avec l’homme qui l’accompagne aux percus est palpable et belle à voir.
Après malgré leur énergie et la chaleur du lieu, j’accroche pas trop avec ce genre de musique (pis j’en ai un peu marre de rester debout aussi) alors je m’avance au Jardin des Plantes où a lieu le 4ème concert.
14h30 – Abdallah Abozerky au Jardin des Plantes (Musique orientale)
Sur le chemin du jardin (tu savais qu’il y en avait un autre juste à côte ?!) j’ai un petit coup de mou … c’est que ça fatigue mine de rien ! Allez hop, je m’prends un autre café.
Le concert a lieu entre la serre aux cactus et le bassin aux lotus – et à l’ombre heureusement car le soleil cogne ! J’entends des dames âgées se plaindre du nombre de chaises. Moi ça me dérange pas de me caler par terre … mais je comprends que certains soient pas à l’aise avec ça.
Quel plaisir d’écouter un artiste de cette trempe dans un lieu qui invite autant à la rêverie ! Concentré, le jeune égyptien garde les yeux clos et la foule silencieuse se laisse emporter. Oh, mais il chante aussi ! Un chant qui sonne comme une plainte. Si tu fermes les yeux, tu pourrais te croire quelque part au fin fond du Sahara …
Juste avant de nous quitter il nous présente tout sourire l’une de ses dernières compos – on est les premiers à l’écouter et j’me sens un peu privilégiée héhé.
16h – Raul Cantizano à la Nef (Flamenco-Ambient)
En arrivant devant la Nef à 15h45 je me dis que j’aurai du y être encore plus tôt : il y a une queue de malade ! Eh ben, l’artiste doit être connu ?!
Le monsieur est espagnol et nous parle dans sa langue natale. Je ne suis pas sûre à 100% d’avoir compris mais il semble bien qu’il a dit que pour lui, la musique est ce qui permet d’aller à la rencontre des gens, des choses.
Avec l’acoustique très particulière de l’endroit, les notes de sa guitare résonnent de façon spectaculaire. Hé mais en fait le mec ne fait pas que de la guitare, il a une sorte de looper d’où sortent des sons étranges un peu comme des bruits de pistolet lazer. Cosmique !
Quelques minutes plus tard, surprise, le voilà qui place un truc qui tape sur les cordes comme un pivert fou (wtf ?!) … c’est expérimental et honnêtement ça me file mal à la tête. Allons donc y’a des espèces de gouttes d’eau blanches à ses cordes maintenant ?! (ça se voit pas sur la photo mais là oui) Le son ne ressemble même plus à celui d’une guitare, on dirait un xylo.
Mais ! Le v’la qui secoue sa guitare comme un prunier maintenant ?? Puis qui sort … une basse ?! Sacrée surprise ce concert !
17h30 – Gwenifer Raymond au Foyer de l’Opéra (Bluesgrass / Folk)
J’avoue qu’à ce stade, j’en ai un peu marre. Je suis fatiguée, j’ai mal aux jambes et au dos à force de rester debout ou assise par terre sans support pour la colonne vertébrale. Mais bon je m’étais promis de tenir jusqu’au soir alors je poursuis ! #noonecanstopme
Me voilà donc à l’Opéra pour le 6ème concert. Sous les filles à moitié nues de la voûte céleste, le cul posé sur un parquet séculaire, je me dis que j’aurai ptêt pas l’occasion de vivre une scène pareille une seconde fois. Et je souris bêtement toute seule.
Petit changement de dernière minute : ce n’est pas miss Raymond qui assure le show finalement mais un jeune guitariste colombien.
Celui ci nous joue une musique où se mêlent des airs latino-américains et européens. C’est léger, aérien. Le jeune homme en chemise blanche s’applique à nous raconter dans un français maîtrisé l’histoire derrière les compositions qu’il nous partage : celle ci est d’un auteur paraguayen qui a des origines indigènes, celle ci vient d’une compositrice brésilienne, la dernière parle du processus par lequel se fabrique un breuvage hallucinogène … j’apprécie ces anecdotes.
J’ai remarqué que depuis ce matin chaque concert se solde par un tonnerre d’applaudissement (et un pas un « clap clap » tout mou de bienséance) ce qui montre bien le plaisir que le public à d’être là.
19h – Mathieu Pesqué au Rockstore (Blues Folk)
Direction la mythique cadillac rouge pour le dernier concert (qui aurait du être celui de Matthieu Pesqué mais a finalement été assuré par Gwenifer Raymond – au moins on est restés dans l’univers du Blues !).
Avec un petit quart d’heure de retard, l’artiste arrive pieds nus sur scène. Autour de moi, pas mal de gens sont là depuis ce matin eux aussi. La demoiselle gratte sa guitare à toute vitesse, camouflant son visage derrière ses longs cheveux et remuant la tête au rythme de l’instrument. Je suis encore une fois impressionnée par la dextérité et la talent des artistes sélectionnés.
Il y a quelque chose de grave et de dramatique dans sa musique… Après c’est la seule artiste du marathon qui n’a pas échangé avec le public. Pas un mot sur elle, ses compos, son instrument ou son univers. La faute au cadre peut être, moins intimiste donc moins propice à la proximité ?
Une fois le concert achevé c’est le directeur du festival des Internationales de la Guitare en personne qui fait son apparition pour remercier le public, les artistes, les bénévoles, les sponsors, mais aussi procéder au tirage au sort.
Ceux qui ont fait les 7 concerts participent à un tirage au sort !
Et coup de chance : j’ai gagné un tote-bag plein à craquer les mouettes ! Yay !
Il y a un autre concert à 20h30 mais là je sature et décide donc de rentrer chez moi après cette journée intense. Quant à celui qui a lieu demain matin et qui boucle le marathon, c’est Raul Cantizano que j’ai déjà vu à la Nef qui est sur scène donc je n’irai pas.
En avant la musique !
Alors tu vas me dire merci pour ton récit Zigoute hein mais moi j’aurai bien aimé entendre les artistes aussi … et bien figure toi que j’y ai pensé p’tite mouette : à chaque concert j’ai fait une p’tite story instagram qui te donne un aperçu du style de chacun.
Vidéo-aperçu des 7 concerts ici
Verdict
C’est l’heure du bilan ! À la question « ça vaut le coup ?! » je réponds : « oui ! ». Clairement le concept est top, les artistes aussi talentueux qu’atypiques, les genres musicaux variés, les lieux effectivement insolites dans le sens où on a pas l’habitude d’y écouter de la musique (sauf un)… c’était une expérience unique et étonnante !
Après comme c’est uniquement centré sur la guitare et que les compos sont atypiques, au bout d’un moment tu peux décrocher … ça été mon cas. Mais je regrette pas pour autant. Et rien ne t’oblige à faire TOUS les concerts : tu peux te contenter d’en choisir deux ou trois selon les styles, artistes, et endroits où ça se déroule.
J’ai aimé ❤ :
- Le concept lui même : pouvoir s’offrir 24h de concerts gratos en tous genres avec des artistes de cette trempe c’est quand même super cool !!
- Pouvoir écouter de la musique dans des lieux où c’est pas le cas habituellement (un salon de tatouage, la cour d’une église, une chapelle, un jardin, l’opéra-comédie …)
- Pouvoir découvrir de cette façon des lieux que tu connais pas ou peu (genre le discopathe pour moi)
- La proximité avec les artistes, permise par ce cadre intimiste
- La qualité de présence des artistes, qui semblent heureux d’être là et nous offrent plus qu’un simple concert : ils nous parlent d’eux, des compos qu’ils jouent, de leur instrument … c’est vraiment chouette
- Le fait qu’ils viennent d’un peu partout
- La dextérité et le talent des artistes : vous auriez vu leurs mains courir sur les cordes !
- Découvrir des instruments qu’on connaît pas, comme le Qanûn de Khalil Chekir
- Le tirage au sort grâce auquel je suis repartie avec un sac plein de goodies
J’ai moins aimé ? :
- Pas assez de places assises (ouille bobo le dos !)
- Pour moi le rockstore n’est pas un lieu insolite pour de la musique 😉
- Trop de guitare tue la guitare x)
Les Internationales de la Guitare #24
? Du 14 septembre au 12 octobre 2019
? Montpellier et 18 autres communes de l’Occitanie
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