Eco-label à temps partiel
Sur les plages, le lucratif « Pavillon bleu » fièrement arboré comme un label de pureté n’est légitime qu’en matinée. Passé midi, les lois fondamentales de la chimie évincent les lois de l’économie touristique.
Chaleur, brise marine, urée internationale et résidus de toutes les marques d’huiles solaires disponibles sur le marché interagissent pour napper le bord de mer d’un voile luisant et visqueux sur lequel ondoient de magnifiques bubons blanchâtres.
Cette émouvante union de Mère Nature et Père Chimique laisse de marbre l’estivant de passage au cœur sec, vautré dans le sable et résolu à se cramer le mélanome en feignant de lire un livre sans image car il ne faut pas bronzer idiot.
Larmes de crocodiles au pays du toro bravo
Dès son retour au « Coup de Bambou », camping le plus étoilé du littoral, il sera accueilli par le truculent gérant, chemise ouverte sur poils et verroterie clinquante en abondance sur cou et poignets. Son verbe haut au langage remarquablement fleuri lui est très utile pour beugler à la saison perdue au moindre crachin.
Mais ne nous y trompons pas car son rutilant 4X4 (le plus gros du marché) équipé d’une sellerie exclusive en peau de léopard atteste aussi bien d’une excellente santé financière que d’une incroyable virilité.
L’Exode en tongs
Après la plage, la bouteille de rosé frais s’impose pour oublier les relents de vase et les moustiques tapis dans l’ombre des bungalows surchauffés.
Le crépuscule sonne la Blitzkrieg. Des escadrilles de stukas sur pattes fondent sur le touriste effrayé qu’ils empalent avant de s’en repaître goulûment. Les survivants affluent en masse sur le port de Palavas les Flots. Trouvant refuge dans les boutiques, ils se mettent aussitôt à chiner en quête d’un souvenir.
Fanfreluches d’été ou falbalas bon marché ?
Statues de Bouddha en bronze et sabres de ninjas forgés à la main immortaliseront les vacances à la mer. Les amateurs d’oeuvre sur bois opteront pour une sculpture d’éléphant, de tortue-luth ou de girafe, typique de la faune camarguaise.
Une cigale en plâtre orange réchauffera le cœur de l’estivant du Nord (toute la France au-dessus d’une ligne Biarritz/Menton). L’harpagon lubrique choisira une carte postale exhibant un fessier bien rebondi.
Mini-monstre made in China
Accoudées au balcon, les mamies locales observent ce spectacle vivant, délaissant le petit écran et son overdose estivale de sport cathodique. Pour 2012, supplément JO en direct de cette étrange contrée ou l’on s’hydrate de cervoise tiède en mâchouillant du gigot à la menthe.
Face à cette affluence, elles n’osent plus sortir leur fidèle sac à puces de crainte de le retrouver écrasé sous une tong. Je parle bien sûr de ces étrons canins aux jappements d’eunuques qui se précipitent sur votre mollet la bave aux lèvres et les yeux globuleux injectés de sang.
D’aucuns affirment qu’il s’agit de chihuahuas. J’en doute et opterais pour un hybride gremlins/ragondin synthétisé dans un laboratoire clandestin chinois !